Les conflits transfrontaliers sur l’eau : Tendances actuelles. Sécheresse, Janvier-mars 2010, John Libbey Eurotext Paris

Date Published:

2010

Abstract:

  Du fait qu’elle est indispensable, l’eau a été utilisée depuis l’Antiquité comme arme dans les conflits. Par exemple, en 596 av. J.-C., lors du siège de la cité de Tyr, Nabuchodonosor avait détruit une partie de l’aqueduc qui l’approvisionnait. En 1938, afin d’inonder les zones menacées par l’armée japonaise, Tchang Kaï-Chek ordonne la destruction des digues d’écrêtement des crues sur une partie du fleuve Jaune. L’inondation détruisit une partie des forces d’invasion, mais noya également des milliers de Chinois. D’autres violations, qui se sont déroulées pendant la seconde guerre mondiale ou la durant la guerre du Vietnam, avaient trait aux équipements hydroélectriques et aux digues qui étaient prises comme cibles lors des bombardements. Dans d’autres cas, c’est l’insuffisance de la ressource qui est la cause de tensions extrêmes et de stratégies expansionnistes, comme c’est le cas de l’éternel conflit transfrontalier entre Israël et les pays arabes voisins, autour des eaux du Jourdain. À l’échelle locale, voire parcellaire, le principal argument de conflit relève de l’usage qui concerne notamment l’irrigation des terres et le respect des quotas imposés par des règles ancestrales. Cet ingrédient prend une autre dimension lorsqu’il est mêlé à l’espace politique ou ethnique d’une population donnée, et ce même si la ressource est abondante. Même si certaines études alarmistes, telles celles qui concernent particulièrement les zones arides du Proche-Orient, prédisent des conflits violents autour de l’eau, des initiatives reposant sur des considérations juridiques, humanitaires, économiques et scientifiques sont menées par la communauté internationale afin de prévenir le péril que constituent les conflits liés à l’eau en plusieurs endroits sensibles de la planète.